Avec une croissance attendue à 4,2 % par le FMI l'an prochain, la reprise mondiale semble être sur les rails. Mais les zones d'ombre ne manquent pas. Parmi elles, l'avertissement lancé par la crise de la zone euro cette année pourrait bien s'étendre en 2011 à toutes les économies développées. Car, même pour les Etats les plus riches de la planète, l'impunité n'existe pas lorsqu'il s'agit de dérive budgétaire. Or la dette moyenne des pays développés s'élève à présent à 70 % de leur PIB, un montant 50 % plus élevé qu'en 2007, et deux fois plus important que pour les pays développés. Ces dernières semaines, les taux sur les emprunts d'Etat se sont tendus pour de bonnes raisons. La baisse de l'aversion au risque, qui favorise toujours les marchés d'actions au détriment des obligations, a également éloigné la perspective d'un nouvel assouplissement monétaire de la Réserve fédérale (Fed), et par conséquent de nouveaux programmes d'achat de Treasuries (emprunts d'Etat américains). Depuis que la Fed a lancé le QE 2 (deuxième phase d'assouplissement quantitatif, ou quantitative easing 2), en octobre, les rendements des Treasuries à 10 ans ont gagné 1 point de base depuis leur plus bas de l'année. « C'est paradoxal, mais nul ne peut savoir si les taux n'auraient pas grimpé davantage sans l'action de la Fed », commente Gilles Moec, économiste chez Deutsche Bank, à Londres. L'an prochain, les mauvaises raisons devraient l'emporter pour pousser les rendements obligataires à la hausse. Alors que les pays européens s'efforcent de réduire leur déficit, les Etats-Unis s'apprêtent à creuser un peu plus le leur l'an prochain. Le bureau du Budget de la Maison-Blanche prévoit une hausse du déficit, à 1.416 milliards de dollars, niveau qui rejoindrait le record de l'exercice 2008/2009. Mais, de part et d'autre de l'Atlantique, les émissions massives d'emprunts d'Etat finiront par avoir raison de l'appétit des investisseurs. Offre massive de titres d'Etat « Tous les ingrédients sont réunis pour que les tensions se poursuivent sur le marché des emprunts d'Etat ; nous anticipons une hausse de 95 points de base, à 3,75 %, des taux eurolandais d'ici douze mois », estime Gilles Moec. Ce sont bien entendu les pays les plus endettés, tels que l'Italie et la Belgique, dont le poids de la dette dépasse le PIB, qui souffriront le plus d'avoir à payer des intérêts élevés. L'immobilier très menacé Corollaire à cette hausse des taux d'emprunt à long terme, le marché immobilier devrait connaître un « effet de second tour » désastreux. Aux Etats-Unis, où le secteur, à l'origine même de la crise des subprimes, est encore très mal-en-point, et au Royaume-Uni, où la conjoncture est extrêmement dépendante de l'immobilier, les dégâts causés par une nouvelle dégradation du marché immobilier seront particulièrement dévastateurs.