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Une ancienne commerçante, Fabienne Levy, a été condamnée à 10 ans de réclusion criminelle ce soir par la cour d'assises de Moselle, pour avoir braqué quatre banques allemandes et françaises, afin de se "venger du système", avait-elle expliqué. Son fils, Jérémie, 21 ans, poursuivi pour complicité, a écopé d'une peine de 5 ans d'emprisonnement dont deux avec sursis. Des peines de 9 ans pour la mère et de trois ans dont 2 ferme pour le fils avaient été requises par l'avocat général, Me Caroline Charlier.

Tous deux ont en revanche été acquittés d'une tentative d'un cinquième braquage. A l'énoncé du verdict, l'accusée s'en est vivement pris aux magistrats et aux forces de l'ordre présentes dans la salle d'audience, en hurlant au "scandale". L'avocat du fils, Me Philippe Carmantrand, a assuré à l'issue du verdict que son client ainsi que Mme Levy allaient interjeter appel de la décision.

Dès l'ouverture du procès lundi, Fabienne Levy, 51 ans, avait expliqué son geste par sa volonté de se "venger des banques, du système". Les braquages, dont l'un avait raté, lui avaient rapporté près de 175.000 euros. Autrefois gérante de boutiques de prêt-à-porter, l'accusée est longuement revenue au cours du procès sur les circonstances qui l'avaient fait basculer, notamment une condamnation prud'homale à verser 500.000 francs (plus de 76.000 euros) à l'une de ses anciennes employées qui l'a précipitée vers la faillite.  S'en était suivi un divorce, puis la rencontre d'un nouveau compagnon, une mauvaise rencontre qui l'a impliquée dans un vol de voiture pour lequel elle a été condamnée à de l'emprisonnement ferme.

Personnalité débordante, insolente

C'est à la suite de cette expérience carcérale qu'elle s'est lancée dans le braquage de banques pour "se venger du système judiciaire et du système bancaire". Celui-ci ne lui avait pas permis de remonter la pente après sa faillite, a-t-elle expliqué. "Elle se représentait la banque comme un système comparable à l'Etat, qui écrasait les plus démunis", avaient noté les enquêteurs au cours de l'instruction, ce qu'elle a confirmé lors du procès. "Je ne regrette rien, je voulais me venger des banques, d'un système", a-t-elle répété devant les jurés.

Décrite comme intelligente, titulaire d'une licence de droit, l'ancienne commerçante a été décrite comme "fusionnelle" avec son fils, dont elle avait eu la garde après un divorce. Mais c'est surtout sa personnalité, débordante, parfois insolente qui a marqué les débats. Elle a reproché à la présidente de la cour, Catherine Sammari, "l'orientation de ses questions", répondant sur l'opportunité de soins psychologiques, que c'était inutile. Elle a en effet, a-t-elle rétorqué, "appris à vivre avec des abrutis: et en plus, il n'y a pas de traitement pour cela".

"Elle a dû payer son arrogance, mais je suis surpris : il y a quelque chose qui me choque dans ce verdict", a commenté son avocat, Me Jean-Christophe Duchet. Fabienne Levy, qui reconnaissait avoir commis ses braquages avec perruque, lunettes et en s'exprimant en allemand, affirmait n'avoir "jamais été violente" lors des faits. "Je leur disais 'Bonjour' en arrivant", avait-elle précisé lundi devant la cour. "Les victimes ont toutes eu un pistolet chargé sur elles, la violence est là", lui avait répondu l'avocat général, soulignant que si les armes étaient factices, elles avaient été choisies pour leur ressemblance avec des pistolets réels.