De grands groupes dynamiques, SAB Miller, premier brasseur mondial, Anglo-American, plus gros producteur de platine, ou encore la société financière Old Mutual. Mais des infrastructures sous-développées et 60% de la population active inemployée. Une monnaie locale forte, le rand, mais très volatile. Un secteur financier très solide mais une grande dépendance aux ressources minières… L’Afrique du Sud présente deux profils paradoxaux. L’un rappelle les pays développés, l’autre les pays en développement.
Question croissance, «l’Afrique du Sud est un peu à la traîne par rapport aux autres pays émergents», note Jean Mercier, économiste chez Citi basé à Johannesburg. L’Afrique du Sud a vu son économie se contracter de 1,8% en 2009, après une progression de 3,7% en 2008. L’OCDE table sur une croissance de 2,4% en 2010 puis de 3,3% en 2011, quand le Brésil caracolera à 6,2% et 5% de croissance et la France devra se contenter de 0,7% puis 2%.
Si la crise n’a pas déréglé les finances publiques (déficit de 7,1% en 2009 mais ratio de dette sur PIB à 28%), les deux secteurs forts de l’Afrique du Sud, la banque et les matières premières, ont traversé la crise avec des fortunes différentes. Après avoir été en récession depuis 2006, le secteur minier commence à rebondir. La mine, qui représente 9,7% de la valeur ajoutée nationale, profite de la reprise de la demande dans les pays émergents.
Ces dernières années, il avait été «durement touché par la chute de la demande étrangère et par la baisse des prix des matières premières», notent les économistes de l’OCDE. Surtout, les mines ont été très fortement pénalisées par une alimentation électrique structurellement insuffisante. En 2009, la production a baissé de 7,2%, après avoir chuté de 8% en 2008. Aujourd’hui, le charbon, le fer, le platine et ses dérivés rebondissent.
A l’opposé du secteur minier, la banque a plutôt bien résisté à la crise. «Les banques sud-africaines ont provisionné massivement et comme la récession a été modérée il existe un certain potentiel» de profit à horizon 2011, quand elles réintègreront ces sommes dans leurs comptes, estime Wietse Nijenhuis, stratégiste chez HSBC. Les quatre grandes banques du pays que sont Standard Bank, NedBank (Old Mutual), FNB et Absa (Barclays), détiennent peu de créances internationales et sont principalement exposées au crédit aux ménages.
La 16e Bourse du monde
Dans ce contexte, les investisseurs s’intéressent à l’Afrique du Sud, et surtout à son marché financier, le 16e au monde en termes de capitalisation. «Les matières premières se sont révélées être un bon moyen de tirer avantage de la croissance des émergents et les fonds étrangers ont investi dans les ressources sud-africaines», analyse Tebogo Dintwe, économiste chez le fonds d’investissement sud-africain Investment Solutions qui détient 100 milliards de rand sous gestion (10,7 milliards d’euros).
Mais les incertitudes sur la reprise dans l’Union européenne, premier partenaire commercial l’Afrique du Sud avec 50% des exportations, inquiète. L’indice de confiance PMI manufacturier et l’indice de confiance sectoriel sont en baisse depuis trois mois. Dans ce contexte, la Coupe du Monde devrait donner un coup de pouce à la croissance, même si son impact a été revu à la baisse, vu le faible nombre de billets achetés par des étrangers.