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Plus d’un tiers des sociétés du CAC 40 offre un rendement supérieur au taux moyen des emprunts d’Etat, qui s’élève à environ 3%. Une bonne nouvelle pour les investisseurs en actions souhaitant se concentrer sur les revenus. A leur tête, des valeurs généreuses sur le long terme à l’instar de France Télécom, de Vivendi ou encore de Total, qui offre des rendements respectifs au 9 mars 2010 de 7,89%, 7,21% et de 5,36%.

A noter d’ailleurs que le taux de distribution des entreprises du CAC 40 s’élève en moyenne à 35 % contre 42 %, l’an passé. Une baisse due en partie aux taux de distribution moindres des banques : celui de BNP Paribas est par exemple de 32,3% . A l’inverse, des sociétés comme GDF Suez, Unibail-Rodamco, Accor, Vivendi ou encore Total présentent des taux de distribution respectifs de 89%, 87%, 72%, 67% et 66%.

«Des sociétés du CAC 40, comme France Télécom ou Total, arrivent à maturité : elles n’ont donc pas de perspective d’investissements importants. Il est plus facile pour elles de distribuer des revenus sous forme de dividendes, et qui plus est, pérennes. Ce qui explique leur taux de distribution très élevé ».

Contexte économique favorable

La surperformance du rendement des actions par rapport aux obligations d’Etat constitue une situation atypique dans un tel contexte de crise économique. Atypique ? Pas vraiment, selon Pascal Quiry, co-auteur de la lettre Vernimmen et professeur d’HEC. «Etant donné les niveaux très bas des taux d’intérêt et celui relativement bas des cours de Bourse, il est facile pour le taux de rendement des actions d’être supérieur au taux de rendement des obligations. Lorsque les taux d’intérêt remonteront, un rééquilibrage s’opérera». La prime de risque actions contre obligations d’Etat fluctue entre 5 et 6,5%, après être montés à 8,6% au cœur de la crise.

Dans un contexte de faible inflation et de modeste croissance, les sociétés devront s’habituer à une croissance lente des bénéfices et les investisseurs à des rendements d’investissement modérés, avertit Ad van Tiggelen, stratégiste d’ING IM dans une note. Cela signifie que les dividendes redeviendront la principale force motrice des rendements des actions. «Pour parler de ‘long terme’, bien que les dividendes n’aient pas constitué la principale source de rendements des actions au cours des trente dernières années, ils ont généré 70% du rendement total des actions depuis 1900», rappelle-t-il.

Télécoms et «utilities» les plus performants

Autre explication à cette surperformance des rendements des dividendes par rapport aux obligations d’Etat : l’internationalisation des entreprises françaises. «La plupart des sociétés du CAC 40 sont certes françaises juridiquement, mais leurs activités en France sont minoritaires. Ainsi, elles sont également implantées dans des zones géographiques qui ne savent pas ce que le mot crise veut dire, comme le Brésil», ajoute Pascal Quiry.

En matière de secteurs, les télécoms et les «utilities» - services aux collectivités – sont à l’honneur. Le rendement moyen des actions des opérateurs télécoms est de 6,2%, le rendement de la dette crédit est autour de 4%. Quant aux «utilities», le rendement moyen des actions est de 5,4% et d’un peu moins de 4% pour le rendement de la dette crédit.

Seule Essilor n’a pas stoppé ses rachats d’actions

Si 2010 devrait donc rester une année favorable au rendement des actions, 2011 et les années à venir le seront sans doute moins, lorsque les taux d’intérêt repartiront à la hausse.

«Avec - 70 M€ de rachats d’actions en 2009, les entreprises du CAC 40 ont logiquement atteint un point très bas correspondant à la nature totalement discrétionnaire de cette forme de distribution de liquidités aux actionnaires qui peut être arrêtée à tout moment», selon les co-auteurs de la lettre Vernimmen. A l’exception d’Essilor qui a racheté 1 % de son capital, tous les groupes ont arrêté en 2009 leurs rachats d’actions pour consacrer les fonds ainsi économisés à des investissements - Sanofi–Aventis, EDF–Suez, ou au désendettement - Arcelor Mittal -.

De la même façon, les dividendes totaux versés ont été réduits, passant de 43 milliards d’euros versés en 2008 à 35,3 milliards d’euros en 2009, soit une baisse de 18 %. «Sur cette somme, un quart environ l’a été sous forme de dividendes payés en actions qui ont eu beaucoup de succès, compte tenu de la hausse des cours entre le moment où cette option a été proposée et le moment où l’actionnaire a pu faire son choix. L’essentiel de cette pratique est concentré sur des groupes assez endettés (Danone, Saint-Gobain, EDF) ou les groupes bancaires compte tenu de la pression au renforcement de leurs capitaux propres», explique Pascal Quiry. Le trio de tête des versements de dividendes (Total, France Télécom, GDF Suez) représente à lui tout seul 36 % des sommes payées.

Au total, les groupes du CAC 40 ont réduit en 2009 le numéraire versé à leurs actionnaires, en dividende ou en rachat d’actions, de 50 % : 27 milliards d’euros contre 54,2 milliards d’euros.