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Imaginons les plus grosses têtes de SAC Capital Advisors, Soros Fund Management, et d’autres stars internationales du trading autour d’une même table, en train de partager un bon dîner. S’amorce alors une discussion sur le taux de change euro/dollar.

A priori, rien d’étonnant. Sauf qu’au début du mois, ce dîner a eu lieu, à Manhattan, et une sorte de consensus se serait dégagé : «L’euro pourrait bien revenir à la parité un pour un face au dollar», auraient-ils évoqué, selon les informations du Wall Street Journal.

Avant de réfléchir à une possibilité d’un retour à la parfaite égalité entre l’euro et le dollar, ces géants de la finance auraient parié des sommes gigantesques sur le repli de l’euro. Or leur poids énormes sur les échanges internationaux pourraient bien expliquer une bonne partie du recul de la monnaie européenne : depuis début février, le change est passé de 1,39 à 1,36 dollar, soit un recul de plus de 2%. Notons qu’en décembre 2009, l’euro valait encore 1,51 dollar. Ainsi, le billet vert s’est apprécié de 10%.

Sans oublier le dossier sur l’endettement grec, qui a aussi pesé sur les cours, alors que les processus de sauvetage européen n’ont pas été clairs.

Des taux de rendements de 100%

Or, sur le marché des changes, appelé chez les professionnels le Forex (pour Foreign Exchange), il est possible de miser cent fois sa mise. C’est l’effet de levier. Autrement dit, avec 10.000 euros, n’importe quel investisseur qui travaille sur les devises peut engager 1.000.000 euros sur le marché. Ainsi, les gains - ou les pertes - peuvent être exponentiels. Selon le Wall Street Journal, ces géants auraient parié avec des effets de levier 20.

Par exemple, si George Soros - célèbre pour avoir fait «sauter» la banque d’Angleterre le mercredi noir du 16 septembre 1992 en pariant à la baisse sur la livre sterling - décide de mettre sur la table 10 millions de dollars sur une position courte sur l’euro (pari à la baisse), il spécule en fait avec 200 millions de dollars. Or, si le taux de change recule de 10%, comme cela a été le cas ces trois derniers mois, George Soros aura gagné quelque 20 millions d’euros sur ce trade. En excluant les 10 millions qu’il a engagé au début, il reste dans sa poche quelques 10 millions d’euros. Taux de rendement : 100% en trois mois !

Les dangers des concertations

Outre les étonnements que peuvent susciter ces potentiels de gains en si peu de temps, le débat sur le modèle financier mondial, qui était au coeur de l’actualité au début de la crise financière et de la chute de Lehman Brothers, aurait toute raison de refaire surface. De quoi satisfaire les appels à la régulations lancés par George Soros il y a un an, afin de limiter «les ventes à découverts facilitée par le marché des credit default swaps».

Mais ces stars des hedge fund sont les premiers à profiter des paniques successives sur l’endettement public du pays, qui poussent les CDS (Credit Default Swap, contrats assurance qui gère le risque d’un crédit émetteur) à la hausse, et l’euro à la baisse. En un mot, c’est le jackpot.

Pour le moment, le marché des changes reste impassible. L’euro oscille, vers 8h15, autour de 1,36 dollar.

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