Depuis plusieurs semaines, la monnaie du Royaume-Uni fait face à un mouvement de défiance généralisé. Longtemps facteur de fierté nationale, la livre sterling est en passe de devenir une source d'inquiétude outre-Manche. En un peu plus d'un an, elle a perdu près du tiers de sa valeur face au dollar et à l'euro, laminée par la récession, des taux historiquement bas, la crise bancaire et immobilière et par une dette publique qui explose. Menace sur le financement de la dette Malgré le pessimisme ambiant à la City, les experts n'avaient pas prévu d'aussi mauvais résultats pour l'économie britannique. Au quatrième trimestre 2008, le PIB du Royaume-Uni a reculé de 1,5 %, à un rythme supérieur aux prévisions. C'est la plus forte baisse enregistrée depuis 1980, année durant laquelle Margaret Thatcher avait entamé une lutte acharnée pour sauver l'économie. Alors que la décrue du PIB avait été de 0,6 % entre juillet et septembre, la Grande-Bretagne affiche deux trimestres consécutifs de baisse, synonymes de récession technique. Au total, si l'économie britannique a progressé de 0,7 % en 2008, l'activité s'est contractée de 3,6 % par rapport au plus haut enregistré en avril. Et les mesures prises par le gouvernement pour relancer l'économie pourraient faire plonger le déficit jusqu'à 10 % du PIB en 2010 et doubler le ratio d'endettement d'ici quatre ans. La volatilité de la monnaie est désormais un problème pour le Royaume-Uni. En effet, si la dévaluation de la livre a pour avantage de rendre plus compétitives les exportations britanniques, le secteur manufacturier ne représente que 15 % du PIB. Les services et la demande intérieure étant les principaux moteurs de l'économie. En revanche, cela risque de peser sur le financement de la dette publique en raison de taux d'intérêt plus élevés. En plus, à terme, la faiblesse de la livre sterling pourrait détourner les capitaux étrangers des bons d'Etat britanniques.