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« La famille, c'est sacré », a-t-on coutume de dire. Il faut croire que les valeurs se perdent. Car l'adage ne tient plus en Bourse. Les entreprises familiales ne sont pas épargnées par la crise. La décorrélation supposée avec les indices boursiers généralistes n'est plus évidente. Sur le plus long terme, la situation est très disparate : les performances varient fortement d'une entreprise à l'autre. Difficile, donc, de dégager une véritable tendance. Et pour cause. L'univers des valeurs « familiales » est très riche. Des études de l'Insead montrent que plus de la moitié des entreprises cotées en France ont un actionnariat familial ou patrimonial. A l'exception des banques et de l'énergie, tous les secteurs sont concernés. La diversification au niveau de la taille des entreprises est également importante : un tiers des sociétés du CAC 40 sont considérées comme familiales (Peugeot, L'Oréal, PPR...). La définition d'une entreprise familiale reste large. « Il n'y a pas de règles fixes, confirme Sébastien Korchia, gérant du fonds Meeschaert Entreprises Familiales. La famille doit être présente au capital, mais pas forcément majoritaire ; elle n'influe pas obligatoirement sur la gestion opérationnelle. » L'approche d'Olivier Flornoy, gérant du fonds Quilvest Famille & Croissance, ne diffère guère : « L'entreprise doit être imprégnée par la culture familiale. » Prudence dans la gestion Face à la crise, et malgré des performances contrastées, les experts veulent croire au caractère défensif de ce type de valeur. « En matière de gestion, de rémunérations ou de prise de risques, les entreprises familiales sont plus raisonnables », atteste Evelyn du Monceau, vice-présidente du conseil d'administration de la société cotée familiale belge UCB*. Les impératifs de succession et de transmission impliquent en partie une conduite plus sage des affaires et une vision stratégique de long terme. Conséquence : les bilans sont en général plus sains. « Ces entrepreneurs ne sont pas des financiers, explique Sebastien Korchia, ils sont davantage pragmatiques. » Un endettement trop important devient problématique : en cas d'augmentation de capital, la famille actionnaire sera diluée. La présence d'une ou de plusieurs familles dans le capital d'une entreprise a aussi une influence sur la politique de distribution des dividendes : « Elle est plus régulière », constate Sébastien Korchia. « Investir dans une entreprise familiale a quelque chose de rassurant pour les investisseurs, juge Christophe Bonduelle, P-DG du groupe éponyme, car ils savent que les dirigeants familiaux jouent leur propre patrimoine. »* « L'engouement pour les fonds dédiés va croissant », confirme une porte-parole de Oddo, l'une des sociétés de gestion pionnières sur cette thématique. Il n'empêche que les gérants spécialisés se montrent prudents dans le contexte actuel. Les petites et moyennes valeurs sont délaissées, au profit des grandes capitalisations, pourtant moins sensibles au facteur « famille ». L'instabilité des marchés pourrait, en outre, inciter les petites entreprises à quitter la Bourse, à l'instar du fabricant de cartes à puce Oberthur, en 2008.