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Malgré la mise en place de certaines mesures destinées à doper les ventes, comme la prime à la casse en France, la fin de l'année 2008 aura tourné au désastre pour les deux constructeurs automobiles français. Rien que sur le mois de décembre, les immatriculations en Europe de l'Ouest de PSA Peugeot Citroën et de Renault ont respectivement chuté de 10,9 % et de 25,5 %. Et dans cette zone clé, qui représente encore les deux tiers des ventes, la baisse sur l'ensemble de l'année écoulée a atteint 8,6 % pour PSA et 7,2 % chez Renault, avec un recul particulièrement fort sur des pays comme l'Espagne, l'Italie et le Royaume-Uni (cf. illustration). Le retournement des marchés automobiles ne s'est pas limité à l'Europe car la croissance s'est fortement ralentie dans les pays émergents. Conséquence : les ventes mondiales, qui étaient encore en hausse à l'issue des six premiers mois de l'année 2008, s'inscrivent en très net repli sur l'ensemble de l'exercice. PSA Peugeot Citroën accuse ainsi une baisse de 4,9 % : loin de la progression d'au moins 5 % en volume sur laquelle tablait le constructeur en début d'année. Le constat est aussi amer chez Renault, avec un recul de 4,2 % des ventes mondiales au lieu de la hausse d'au moins 10 % promise il y a encore douze mois. Et plus inquiétant encore, aucun constructeur n'entrevoit à ce jour de reprise sur le premier semestre, qui va pâtir d'une base de comparaison défavorable. Les mesures de chômage technique dans les usines (afin de permettre un écoulement des stocks) risquent fort de perdurer. En l'absence de volumes suffisants, les résultats annuels que les constructeurs publieront à la mi-février seront fortement dégradés, voire en perte. Au mieux, la marge opérationnelle de PSA n'atteindra que 1,3 % (contre 3,5 % prévu en début d'année) et, si le constructeur n'a pas encore révisé les objectifs de son plan Cap 2010 (notamment sa fourchette de marge opérationnelle comprise entre 5,5 et 6 % l'an prochain), il pourrait le faire lors de la présentation des comptes annuels le 11 février. Renault devrait aussi abandonner l'objectif d'une marge de 6 % à fin 2009 : une éventualité que les investisseurs ont déjà intégrée depuis plusieurs mois. En attendant, les deux constructeurs français sont face à une situation financière tendue et réclament une aide gouvernementale afin de soutenir leurs filiales de financement automobile. Celles-ci jouent un rôle important puisqu'en France près de deux véhicules sur trois sont vendus à crédit. Mais en échange de son aide, l'Etat (actionnaire de 15 % de Renault) invite le groupe à ne pas distribuer de dividende au titre de 2008 alors que Carlos Ghosn, patron de Renault et de Nissan, avait fait du doublement du dividende (en trois ans) l'un des points forts de son plan de relance. Pour cette raison, il distribuera sans doute un dividende, que nous estimons à 2 euros par action. Du côté de PSA, le coupon sera également inférieur à celui de l'an dernier (1,5 euro par action au titre de 2007).
NOTRE CONSEILLe rattrapage observé sur certains titres comme Peugeot (+ 14 % depuis le 1er janvier) est fragile. L'aide du gouvernement ne résoudra pas les difficultés et il n'y aura pas de redémarrage des ventes sur les prochains mois. Le rebond peut être suivi d'une rechute. En conséquence, nous déconseillons de revenir à l'achat sur Renault (code : RNO, Comp. A, SRD) et sur Peugeot (code : UG, Comp. A, SRD) malgré des ratios de valorisation historiquement faibles.