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Atos Origina un nouveau patron. Il se nomme Thierry Breton. Tour à tour attendu chez Alcatel-Lucent, Thomson, voire STMicroelectronics, l'ancien ministre de l'Economie prend les rênes du groupe de services informatiques. Si Breton est le gagnant de cette affaire, Philippe Germond, l'ancien président du directoire, a perdu gros. D'après nos sources, il n'aurait appris son limogeage qu'au dernier moment et il n'aurait pas prévu de plan de secours. « PAI Partners, à la tête de 22,61 % du capital, était censé être le chevalier blanc de Germond face aux fonds spéculatifs Pardus et Centaurus. Finalement, le fonds d'investissement s'est transformé en pied de biche pour le faire sauter », ironise un bon connaisseur du dossier. De leur côté, les deux fonds spéculatifs, à la tête de 16,7 % du capital, ne cachent pas leur satisfaction. En dépit de la paix passée avec la direction d'Atos, ils avaient le sentiment d'être mal informés et de ne pas assez peser sur la stratégie. Une source proche d'Atos nous a expliqué que des dissensions subsistaient entre Philippe Germond et les actionnaires. Avec Thierry Breton aux manettes, les fonds ont le sentiment d'avoir un dirigeant plus solide. « La question n'est pas tant de savoir si Germond était bon. Le fait est que Thierry Breton sera meilleur que lui », estime un proche de Pardus. De notre côté, nous jugeons la manière aussi brutale qu'inélégante. Plus profondément, le bilan de Philippe Germond à la tête d'Atos Origin comporte des points positifs. Un dynamisme commercial était visible depuis plusieurs mois. L'ancien de HP avait le mérite d'avoir une stratégie précise. Il a plaidé pour un renforcement d'Atos Worldline, ce qui s'est traduit par une acquisition, pour que cette filiale reste le joyau du groupe. De plus, après avoir procédé à une revue de ses troupes, Philippe Germond avait réussi à susciter un minimum de cohésion entre les équipes, ce qui est essentiel dans une société de services informatiques. Ces avancées pourraient être remises en cause. Dans les entreprises où il est passé, Thierry Breton a démontré un goût certain pour les modifications de périmètre, que cela soit des acquisitions ou des cessions. Au moins, les banquiers d'affaires ont dû se frotter les mains en apprenant sa nomination. Pour le moment, il est cependant trop tôt pour connaître la stratégie et les idées de Thierry Breton. Lui-même est en train d'y réfléchir. Par ailleurs, des incertitudes existent sur les hommes dont le nouveau président compte s'entourer. Depuis la dernière assemblée générale, Atos Origin s'est surtout distingué par un conseil de surveillance pléthorique et un comité stratégique acquis à la cause des fonds. Nous n'entendons jamais parler des dirigeants qui ne sont pas au directoire. Ce sont pourtant eux qui assurent le fonctionnement de l'entreprise. Il est temps que leur rôle soit mieux reconnu. A défaut, ils risquent de partir chez un concurrent. « Les chasseurs de têtes considèrent qu'Atos constitue un vivier de talents dans lequel ils peuvent puiser », nous explique le patron d'une société de services informatiques. En attendant, les boursiers demandent à voir. Après avoir flambé à l'ouverture lundi, le titre a fini la journée dans le rouge. Sur la semaine, il recule de plus de 6 %. La capitalisation, inférieure à 1,2 milliard d'euros, tient compte d'un scénario noir. « Avec un tel cours, les investisseurs anticipent une division par deux de la marge opérationnelle l'an prochain », selon un spécialiste du secteur. La capitalisation est nettement inférieure au prix évoqué il y a encore quelques mois pour une éventuelle vente d'Atos World-line. Outre la stratégie et le moral des troupes, il va aussi falloir que Thierry Breton fasse remonter le cours de Bourse. Du travail en perspective...
NOTRE CONSEILNous décidons de rester à l'écart pour le moment. Il est difficile d'y voir clair tant sur les perspectives que sur la stratégie (code : ATO, Comp. A, SRD).