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Le G20 n'a pas manqué d'avertir la planète du danger : « Il est vital de rejeter le protectionnisme (...) nous nous abstiendrons dans les douze mois à venir d'ériger de nouvelles barrières à l'investissement et au commerce de biens et service», stipule le communiqué. Autrement dit, il est urgent que Barack Obama relise La Richesse des nations. Car les velléités de protectionnisme du futur président des Etats-Unis ne constituent pas juste un argument populiste de campagne présidentielle. Elles sont sûrement réelles. « Il y a un risque important de protectionnisme de la part des Etats-Unis. Ce serait dramatique, comme ça l'a été lors de la grande dépression », déplore Dan North, chef économiste d'Euler Hermes aux Etats-Unis. De fait, la majorité des économistes estime que la grande dépression a été largement aggravée par la loi Hawley-Smoot, visant à renforcer le protectionnisme. Face à la débâcle économique, « le futur président va endurer une pression politique en faveur du protectionnisme comme aucun de ses prédécesseurs n'en avait connue depuis 1930 », affirme le sous-secrétaire américain du Commerce, Christopher Padilla. Les aides sectorielles constituent un jeu dangereux Dernier démocrate en date à avoir habité la Maison-Blanche, Bill Clinton avait adouci sa position en la matière, notamment sous la pression du Congrès à majorité républicaine lors de son deuxième mandat. Mais à présent tout est permis, avec un parti démocrate omniprésent. « Preuve que Barack Obama est réticent au libre-échange : George Bush a fait comprendre qu'il donnerait son accord au sauvetage du secteur automobile à l'unique condition qu'Obama accepte la ratification des accords de libre-échange avec la Colombie », explique Gilles Moëc, économiste chez Bank of America. Le compromis est éloquent, car il met dans la balance la nouvelle forme de protectionnisme en vogue : le soutien aux secteurs en difficultés. Après la finance, c'est au tour de l'automobile de demander de l'aide. Bien que le sauvetage du secteur soit encore loin d'être acquis, en raison des réticences de Paulson, la seule évocation de son éventualité donne des frissons aux libéraux de tous bords. Car si l'Etat américain aide le secteur automobile, cela défavorise de facto les constructeurs étrangers. Dès lors, la France, l'Allemagne, le Japon seront à leur tour contraints d'aider leurs fabricants de véhicules. « Les gouvernements jouent à un jeu dangereux en aidant une industrie plutôt qu'une autre », déplore Gilles Moëc. Au lieu d'intervenir pour tel ou tel secteur, les gouvernements devraient plutôt mettre en oeuvre un plan de soutien général aux économies, plus neutre, en abaissant par exemple la TVA, l'impôt sur les sociétés ou sur les revenus, ou bien les cotisations sociales.