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L'onde de choc provoquée par la crise des subprimes, ces crédits immobiliers accordés aux Etats-Unis aux ménages modestes et peu solvables, ne cesse d'avoir des répercussions. Ces créances immobilières ont été titrisées et leur risque sous-évalué. Jusqu'au dernier moment, les agences de notation ont noté très positivement des créances qui ce sont avérées douteuses. Elles n'ont commencé à dégrader ces produits structurés qu'au printemps 2007 alors que des tensions s'étaient fait ressentir dès la fin 2006. Vivement critiquées pour leur inertie, les agences de notation sont apparues comme juge et partie, étant à la fois payées par les émetteurs et responsables de l'évaluation des risques sur ces titres. Les défaillances en série des ménages américains ont alors entraîné la faillite de dizaines de prêteurs subprimes.

La découverte du pot aux roses a déclenché l'été dernier une hausse considérable des besoins bancaires, pour rembourser les obligations émises en contrepartie de ces prêts. Afin d'éviter un assèchement du marché interbancaire, début août, la BCE et la Fed ont injecté respectivement 95 milliards d'euros et 24 milliards de dollars. La Réserve fédérale a également baissé ses taux directeurs à plusieurs reprises. Pourtant, cela reste insuffisant pour restaurer la confiance entre les banques, qui doivent de surcroît faire face à de nouvelles réévaluations des pertes. Alors qu'on les croyait apaisés, les taux du marché interbancaire ont flambé, portant un nouveau coup dur à la fluidité des capitaux entre les banques. Ménages et entreprises peinent de plus en plus à emprunter en raison des resserrements drastiques des conditions de crédit. Après des pertes de plusieurs dizaines de milliards enregistrées par les banques américaines, le marché redoute que la contagion ne s'étende aux banques européennes et asiatiques. Mais, au-delà de la sphère financière, la crainte tient surtout à la contagion de la crise à l'ensemble de l'économie mondiale.

La menace d'une récession aux Etats-Unis se précise

« Nous avions toujours exclu au cours des derniers mois une récession américaine, mais nous ne pouvons plus totalement l'exclure aujourd'hui », a reconnu Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe. Les derniers indicateurs prouvent en effet que même si, techniquement, on ne peut pas encore parler de récession outre-Atlantique, la situation se dégrade sur les fronts aussi bien de l'emploi que de la production ou de la consommation. Dans l'immobilier, la situation est également loin de s'améliorer. Face à une baisse drastique de leur capitalisation, les banques sont en plus enclines à resserrer davantage leurs politiques de crédit. Du coup, c'est toute l'activité économique qui risque de s'en ressentir. En fin de semaine dernière, le président Bush a annoncé un plan de relance budgétaire d'un montant d'environ 1 % du PIB, soit 140 à 150 milliards de dollars. Mais cette nouvelle n'aura pas eu l'effet escompté. Loin de convaincre, ce plan a été perçu par certains comme l'aveu d'un risque majeur de récession, et jugé inefficace par d'autres. De plus, le plan doit encore être ratifié par le Congrès. Et si démocrates et républicains s'accordent sur la nécessité d'agir, ils sont loin de s'entendre sur les modalités. Toujours dans le but d'endiguer la crise, mardi 22 janvier, la Fed a décidé dans l'urgence une baisse de trois quarts de point du taux des fonds fédéraux, ainsi ramené à 3,5 %, réduisant dans la foulée le taux d'escompte à 4 %.

Mais la grande inconnue demeure le montant des pertes liées à la crise des subprimes. La facture s'alourdit de jour en jour. Initialement estimée entre 100 et 150 milliards de dollars, on parle aujourd'hui plutôt de 350 milliards. Tous les espoirs reposent donc sur les pays émergents et sur leur capacité à soutenir la croissance mondiale. Mais la crise boursière actuelle pourrait contrarier la théorie du découplage, selon laquelle le reste du monde peut être épargné par le ralentissement de la croissance américaine grâce à l'arrivée de nouvelles locomotives, la Chine et l'Inde en tête.