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Les changements fréquents de présidence ne risquent-ils pas de nuire à la crédibilité de l'association ?

L'Afer a été créée en 1976. Elle a connu quatre présidents à ce jour, et je suis fier d'en être le cinquième. Vous savez, il y en aura un sixième, et même un septième, car la mission de président n'est pas un mandat de droit divin. Je vais vous faire un aveu, je me considère comme un adhérent parmi 700.000. J'ai été heureux d'être adhérent avant d'être président et je serai heureux de rester adhérent une fois que je ne serai plus président. La crédibilité de l'Afer est forte car l'équipe reste la même.

Quelle est votre opinion sur le comparateur de contrats d'assurance-vie de l'Afer ?

Le « comparateur », en soi, est, peut-être, une bonne idée ; mais une idée qui aurait pu être mieux réalisée. Dans la vie, on ne peut être juge et arbitre. Est-il sage d'être promoteur de sa propre image ? Il y a quelques années, lorsque Laetitia Bléger, la très belle Alsacienne, a été couronnée Miss France, c'est un jury qui l'a proclamé, pas elle-même. Il fallait s'assurer que la méthode du comparateur retenue soit parfaitement rigoureuse.

Sans doute aurions-nous pu solliciter le conseil de la Faider (Ndlr : Fédération des associations indépendantes de défense des épargnants pour la retraite), et, c'est la moindre des choses en matière de bonne gouvernance, demander l'avis des administrateurs. Informés, nous aurions aimé apporter notre contribution à une telle initiative personnelle.

Sur le fond, sachez qu'il est difficile d'avoir une information exacte sur les frais. La vraie mesure, c'est le taux. Les frais, ce sont des secrets de fabrication. Il est imprudent de vouloir comparer ce qui n'est pas nécessairement comparable. Tout repose sur la définition d'une norme.

L'Afer s'apprêtait à proposer à ses adhérents un nouveau support en unités de compte (UC) Opensfer. Cette innovation est-elle toujours d'actualité ?

Le processus est engagé. Nous le respecterons. Je fais confiance à notre partenaire Aviva Gestion d'Actifs.

Vu les conditions actuelles de marché, les supports proposés dans le cadre du contrat Afer vous paraissent-ils satisfaisants ? Est-il toujours intéressant d'investir sur le support en euros ?

Le fonds garanti apporte une parfaite sécurité car il se compose à hauteur de près de 90 % de produits de taux où la part du secteur privé est légèrement supérieure au secteur public.

Sa gestion privilégie des émetteurs de première signature. Il représente quelque 32 milliards d'euros aujourd'hui. Sous cet angle, oui, il est toujours intéressant de placer sur le support en euros. Les UC approchent 8 milliards d'euros, elles connaissent des évolutions contrastées.

Prenons la plus importante, Sfer, l'une des plus grosses Sicav du marché (près de 5 milliards d'euros). Sa performance à novembre 2007 reste faible, 2 %, mais il faut savoir que Sfer, en 2006, c'était plus de 11,7 % et, depuis trois ans, plus de 35 %. C'est une belle performance. Tout investissement en UC place dans la durée.

Quels sont vos projets pour le contrat Afer ?

Nous proposerons de récompenser l'ancienneté, la fidélité. On n'est jamais assez fidèle dans la vie, même dans la vie des affaires. Nous nous efforcerons de rester parmi le moins cher du marché. Là aussi, j'ai des idées et je partage une grande ambition avec mon conseil d'administration pour améliorer le contrat.

Il faudra éviter toute précipitation et se concentrer sur la qualité de service aux adhérents. La qualité, c'est d'ailleurs notre mot d'ordre pour 2008.

Quelles sont vos ambitions pour l'association ?

Ma volonté personnelle, je la fonds dans une adhésion collective. Oui, j'ai un grand projet pour l'Afer.

Nous devons en premier lieu dans l'avenir respecter les principes fondamentaux qui sont à l'origine de l'Afer : un mouvement associatif où chaque décision doit servir l'intérêt des adhérents, où n'auront pas droit de cité celles de nature à avantager un nouvel adhérent au détriment des anciens.

L'Afer doit revenir à sa vocation première : la liberté de l'épargnant et la simplicité des contrats.

Les associations d'épargnants ne se font guère entendre dans le débat actuel sur les retraites. Quelle est la raison de cette discrétion et quelle est la position de l'Afer ?

Vous évoquez la grande question des retraites. Je me demande si le terme n'est pas devenu quelque peu désuet, voire dépassé au XXIe siècle. Je pense que le vrai problème est celui de la constitution de ressources vitales.

Que sera notre capital en fin d'activité ? Et quand je dis capital, je ne pense pas uniquement au capital financier. Comment valoriser le capital humain en tenant compte de tous ses vecteurs, ses aspects : la santé, l'argent, l'instruction, la qualité de vie ? L'homme n'est pas seulement un épargnant, c'est un être vivant doué de qualités, de défauts, de culture.

Notre réflexion sur le problème des retraites est en fait une réflexion fondamentale sur notre temps : comment organiser nos ressources financières et vitales nous permettant de vivre mieux aujourd'hui et demain ?

Il faudra lutter contre des pesanteurs, une inertie des modes de pensée. La vérité n'est pas qu'à Bercy. Nous respecterons la légitimité des uns et des autres, mais nous exposerons en toute sérénité nos convictions. Si l'on veut développer les rentes, par exemple, il faudra bien les traiter sous l'angle de la fiscalité des revenus et de l'ISF.

Je suis convaincu qu'il faut préserver le socle de la répartition. Je suis tout aussi convaincu qu'il faut le compléter car la répartition, c'est une obligation, et nous avons tous besoin de liberté, c'est-à-dire de capitalisation. L'espérance de vie, l'évolution des tables de mortalité exigent de réaffirmer la liberté, celle de verser quand on veut et comme on veut ; mais aussi celle de choisir entre rente et capital. La liberté doit être reconnue à l'entrée comme à la sortie.

J'ajoute qu'à la différence des fonds de pension, qui ont un poids macroéconomique considérable, la répartition n'est pas un investissement. Il faut comprendre qu'elle n'a qu'une vocation sociale, la solidarité, mais pas vraiment de finalité économique. Aujourd'hui, elle répartit trop souvent la pauvreté.

Eveillons la capitalisation. Faisons comprendre à l'Etat que 1 euro dans notre poche est peut-être plus productif que 1 euro dans la sienne, et qu'il faut donc développer l'assurance-vie.

L'Afer entend bien jouer tout son rôle. Nous nous sommes battus contre la réforme des prélèvements sociaux sur les contrats. Nous poursuivrons notre mission en faveur de l'assurance-vie et nous entendons bien faire entendre notre voix, et notre force, dans la question fondamentale des retraites. Notre poids sera un contrepoids. J'ai d'ailleurs rendez-vous dans les tout prochains jours à l'Elysée...