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Il est généralement admis que la Lune a une influence sur les comportements humains, les plus extrêmes comme les plus anodins. De nombreuses études psychologiques montrent que les individus, au même titre que les animaux, se comportent différemment dans les phases de nouvelle lune et les phases de pleine lune.

Ces dernières ont été notamment associées à un surcroît de comportements négatifs, comme les violences, l'alcoolisme ou les crises de nerfs. La croyance en l'influence de la Lune sur les humeurs remonte à l'Antiquité. L'adjectif « lunatique » tire d'ailleurs son nom de Luna, la déesse romaine de la Lune.

Etude statistique sur les cent dernières années

Néanmoins, pour chaque étude confirmant la croyance populaire, il y en souvent une qui la contredit. Par exemple, quand une étude conclut que la probabilité de se faire mordre par un chien en Grande-Bretagne est deux fois plus élevée le jour de la pleine lune que les autres jours, une même étude réalisée en Australie n'obtient aucune différence significative.

La Lune aurait-elle une influence différente sur les chiens australiens et anglais ? Et sur les investisseurs en Bourse ? Dans un article académique paru en 2003, les chercheurs Ilia Dichev et Troy Janes ont essayé de déterminer si les phases lunaires avaient un impact sur les marchés boursiers.

Ils ont examiné les performances des différents indices américains sur les cent dernières années ainsi que les performances des indices nationaux de 24 pays sur les trente dernières années. Ils ont ensuite divisé leur échantillon en phases de nouvelle lune et en phases de pleine lune pour voir si les rentabilités sur ces deux périodes étaient significativement différentes.

La différence de performance est significative

Les résultats parlent d'eux-mêmes. Les performances autour de la nouvelle lune (sur une ou deux semaines centrées autour du jour J) sont environ le double de celles autour de la pleine lune. La différence de performance entre les deux phases, très significative, évolue entre 5 et 10 points de rentabilité annualisée, selon les pays observés.

La France fait partie des pays où la différence est particulièrement importante. Les rentabilités durant la nouvelle lune sont, en données annualisées, de 9 points supérieures aux rentabilités observées lors de la phase de pleine lune.

Utilisant la même méthodologie, Yuan, Zheng et Zhu (2006) ont également observé, pour un échantillon de 48 pays développés et émergents, que les rentabilités des Bourses étaient significativement plus importantes durant les phases de nouvelle lune (avec des fenêtres de sept ou quinze jours) que durant les phases de pleine lune. L'écart de rentabilité est plus net pour les fenêtres courtes que pour les fenêtres longues et pour les marchés émergents par rapport aux marchés développés.

Comme les cycles lunaires portent sur 29,53 jours, leur influence ne peut être confondue avec d'autres effets calendaires ou saisonniers, par exemple une hausse mécanique en début de mois ou en début d'année.

Les chercheurs montrent également que leurs résultats ne sont pas réductibles à d'autres anomalies empiriques observées sur les marchés, comme les rentabilités particulières autour des jours fériés (comme nous le verrons la semaine prochaine).

Assistera-t-on à une nouvelle phase de baisse ?

Ils semblent donc attester que les investisseurs sont bel et bien sensibles à des cycles d'humeur qui influenceraient leurs décisions en fonction de la position de la Lune, avec un pic d'optimisme le jour de la nouvelle luneet un pic de pessimisme le jour de la pleine lune. Ce schéma est sans doute davantage valable pour les investisseurs individuels que pour les institutionnels, puisque l'effet Lune est plus marqué pour les small caps (qui ont un actionnariat largement individuel) que pour les grandes capitalisations.

Que nous réserve l'astre lunaire ces prochaines semaines ? La dernière phase de pleine lune est intervenue entre le 23 juillet et le 5 août. Sur cette période, le CAC 40 a perdu 6 % de sa valeur. La prochaine commencera le 20 août, jour du premier quartier. Assistera-t-on à une nouvelle vague de baisse ? A suivre...