JDF |

Les grandes sociétés françaises cotées à la Bourse de Paris rivalisent de créativité pour proposer une palette de services et d'informations à leurs actionnaires individuels. Lettres trimestrielles, guides de l'investissement, sites Internet, majoration de dividende, rencontres avec les dirigeants, jetons de présence versés aux actionnaires présents à l'assemblée générale : en apparence, rien n'est trop beau ni trop cher pour séduire et fidéliser l'investisseur privé.

Il est vrai que, depuis deux ans, les scandales financiers (Ahold, Enron, Parmalat et Vivendi Universal) ont forcé les entreprises à réaliser des efforts en matière d'information financière et de gouvernement d'entreprise. Récemment, le renversement de l'équipe de direction d'Eurotunnel a également fait prendre conscience aux états-majors qu'ils n'étaient pas souverains dans les entreprises, et que leurs décisions devaient désormais mieux prendre en considération l'avis des actionnaires individuels.

Sur les 44 sociétés interrogées, neuf offrent, selon nous, d'excellents services à leurs actionnaires individuels, et seulement seize d'entre elles proposent un service de bonne qualité. Quatorze s'inscrivent dans une moyenne honorable tout en pouvant mieux faire, et cinq souffrent encore de lacunes en la matière. Un constat somme toute mitigé, qui montre que seule la moitié environ des sociétés a pris conscience de l'importance de l'actionnariat individuel. Sa fidélité n'est pourtant pas à démontrer, dans la mesure où, contrairement aux fonds spéculatifs, les investisseurs particuliers financent ainsi le développement des entreprises sur le long terme et contribuent à réduire la volatilité des cours lors des crises boursières.

> BANQUE-ASSURANCES : UN SECTEUR PARTICULIEREMENT PERFORMANT

Les sociétés ayant obtenu une note d'appréciation de quatre étoiles dans notre classement ont un point commun : toutes offrent des frais de transaction allégés sur leurs propres actions, c'est-à-dire bien moins élevés que ceux pratiqués par les intermédiaires financiers habituels, et un droit de vote double à leurs actionnaires inscrits au nominatif (lire ci-dessous). Autre point commun : les sociétés ayant obtenu les meilleures notes sont généralement celles qui totalisent le plus grand nombre d'actionnaires individuels. Michelin (155.000 actionnaires individuels) gère ainsi en interne les transactions effectuées par ses actionnaires nominatifs, tout comme le Crédit Agricole, qui totalise 1.875.000 actionnaires individuels. France Télécom (1.500.000 porteurs) a, quant à lui, mis en place un service téléphonique (le « 10 10 ») pour répondre directement aux questions de ses actionnaires. Plus modeste, Lagardère (173.000 porteurs individuels) est la seule société à inscrire automatiquement ses actionnaires au nominatif afin de les identifier et de leur offrir des informations personnalisées (un conseiller répond toute l'année aux questions des porteurs directement par téléphone ou par courrier). Air Liquide, dont le capital est détenu à 40,5 % par 350.000 actionnaires individuels, se distingue encore plus. Le groupe est en effet le seul à offrir un jeton de présence de 10 euros à tout actionnaire présent à son assemblée générale ! C'est aussi le seul, avec Lafarge, à verser un dividende majoré de 10 % après deux ans de détention de leurs titres. Prétendante à l'entrée au CAC 40, la société de concession autoroutière ASF, introduite à la Bourse de Paris il y a seulement deux ans, se distingue par l'exhaustivité et par la clarté des documentations (guide des actionnaires, etc.). La précision des informations apportées par les sociétés des secteurs banque et assurance est tout aussi notable. Dans les services « quatre étoiles » de notre classement figurent aussi les AGF et Axa, ainsi que BNP Paribas, Crédit Agricole SA, Dexia, et Société Générale. Les AGF affichent en effet les tarifs de transaction les moins élevés pour ses actionnaires inscrits au nominatif (0,25 % HT du montant de l'opération, sans minimum facturé), et BNP Paribas rembourse les éventuels frais de transfert au nominatif dans la limite de 35 euros.

Nous avons également été sensibles aux sociétés qui donnent facilement la parole à leurs actionnaires, ce qui leur permet de faire part de leur opinion sur la stratégie et sur les résultats de leur entreprise. Arcelor, Axa, Dexia et Michelin publient ainsi sur leur site Internet des comptes rendus détaillés des différentes réunions d'actionnaires organisées toute l'année dans les principales agglomérations françaises. De leur côté, France Télécom et Sodexho Alliance donnent la parole à leurs actionnaires dans leurs différents supports de communication. Particulièrement transparentes, les sociétés ASF et Dexia sont les seules à publier les rapports d'analystes financiers sur leur site Internet, quelles que soient les éventuelles critiques formulées par ces derniers.

> LA MOITIE DES SOCIETES DU CAC 40 PEUT MIEUX FAIRE

Pour le reste, plus de 53 % des entreprises inscrites au CAC 40 affichent peu ou prou le même type de services standards. Elles ont souvent un club des actionnaires, mais ce dernier n'offre que des services mineurs, comme des réductions sur certains produits, sans permettre aux porteurs d'accéder plus facilement à l'information financière ou de bénéficier, par exemple, d'un droit de vote double aux assemblées pour les inscrits au nominatif. Chez Alcatel, dont le capital est pourtant détenu à 86,2 % par environ 500.000 actionnaires individuels, les frais de transaction pour les titres inscrits au nominatif sont assez élevés (0,6 % HT du montant de la transaction avec un minimum de 14 euros par ordre). Chez l'équipementier télécoms, on reconnaît bien volontiers ces lacunes. La création d'un club et d'un comité consultatif des actionnaires ainsi que le vote par Internet dans le cadre des assemblées générales sont actuellement à l'étude. Les mêmes projets sont aujourd'hui « en discussion » au sein du conglomérat européen d'aéronautique, d'aérospatiale et de défense EADS.

D'autres sociétés rattrapent leur retard. C'est notamment le cas du groupe de distribution Casino, qui ne s'ouvrait jusqu'alors à ses actionnaires individuels qu'à l'occasion de son assemblée générale annuelle. L'arrivée du financier Jean-Charles Naouri l'an dernier à la direction opérationnelle de la société, et non plus seulement en sa qualité d'actionnaire de référence, a marqué une véritable prise de conscience du poids de l'actionnariat individuel et de ses conséquences sur la vie et sur le développement de l'entreprise. Casino inaugurera ainsi à l'occasion de son assemblée générale qui se déroulera le 27 mai prochain un numéro vert (gratuit) dédié à l'accueil des porteurs, ainsi qu'une lettre et un guide des actionnaires.

Certains grands noms de la cote sont décevants. Bouygues sait se montrer disponible pour répondre aux questions ponctuelles des actionnaires, mais le groupe de BTP, de médias et de télécommunications n'organise aucune visite de site ou de rencontre avec ses investisseurs particuliers.

Sa filiale TF1 se préoccupe en priorité de ses relations avec ses téléspectateurs ce qui est parfaitement logique, mais elle réalise peu d'effort en direction de ses actionnaires. Son site Internet dédié aux relations avec les investisseurs est d'une lenteur exaspérante. Chez STMicroelectronics ou Thales, qui comptent pourtant un grand nombre d'actionnaires français, on privilégie systématiquement l'information financière en langue anglaise sans donner d'informations pratiques destinées aux porteurs particuliers.

Méthodologie de l'enquête

> Nous avons passé au crible les services dédiés aux actionnaires individuels des sociétés du CAC 40 et des quatre groupes qui briguent une entrée dans l'indice phare de la Bourse de Paris. Il s'agit d'Altadis, des ASF, d'Essilor et de Publicis.

Une note d'appréciation (de une à quatre étoiles) a ensuite été attribuée à chaque société. La totalité des sociétés contactées nous ont apporté directement ou indirectement leur concours pour la réalisation

de cette enquête.

Notre objectif a été de mesurer l'utilité réelle des services proposés au porteur. Les critères d'appréciation que nous avons retenus sont les suivants : rapidité de réaction

des services téléphoniques dédiés aux actionnaires, ergonomie des sites Internet et rapidité d'accès

à l'information. Le contenu des services apportant

une réelle valeur ajoutée à l'actionnaire a également été analysé : rencontres avec les dirigeants, participation à la vie de l'entreprise au sein d'un comité consultatif des actionnaires, dividendes majorés, droits de vote double en assemblée générale, frais de transaction réduits pour les détenteurs de parts inscrits au nominatif, vote par Internet...

Quand les porteurs font entendre leur voix

Peu connus, les comités consultatifs des actionnaires sont, comme leur nom l'indique, des organes internes aux sociétés destinés à écouter les doléances, critiques et remarques des investisseurs individuels. Encore peu répandus (seize entreprises sur les quarante-quatre de notre sélection en possèdent un), ils sont pourtant, selon nous, un puissant outil permettant aux actionnaires de faire entendre leur voix et d'asseoir leur pouvoir légitime. Précurseur, le groupe Air Liquide a créé le sien en 1987, pour être suivi dès 1988 par la Société Générale, puis par Dexia en 1992. Les comités consultatifs comptent généralement une douzaine de membres et sont présidés par le dirigeant de l'entreprise, pour un mandat de trois ans en moyenne. Les conditions d'admission sont généralement souples : il suffit d'être actionnaire et d'envoyer son curriculum vitæ à la société, qui convoque les candidats retenus pour un entretien individuel. La fonction implique de se rendre disponible en moyenne deux fois dans l'année pour assister aux réunions plénières du comité, les frais de déplacement et d'hébergement étant généralement pris en charge par la société. Certaines entreprises sont néanmoins plus exigeantes que d'autres pour sélectionner les membres de leur comité. Chez Dexia, les actionnaires intéressés doivent posséder au moins 60 actions. Chez Axa, il faut être membre du club des actionnaires et détenir au moins 100 actions. Michelin n'exige aucun minimum de titres détenus, mais sélectionne ses candidats comme s'il s'agissait d'une embauche : par l'intermédiaire d'un cabinet de recrutement ! Les comités consultatifs nous paraissent être une voie intéressante si les réunions donnent lieu à un véritable dialogue. C'est apparemment le cas, puisque de nombreuses sociétés publient sur Internet les questions posées par les membres de leur comité consultatif ainsi que les réponses de la direction.

Pour doubler son pouvoir en assemblée et bénéficier de frais de courtage réduits

L'inscription de ses titres au nominatif implique l'enregistrement des titres au nom de l'actionnaire dans les registres de la société, à la différence des actions dites « au porteur », qui sont impersonnelles. Pour s'y inscrire, il faut faire parvenir à son intermédiaire financier une demande de transfert de ses titres au gestionnaire des actions au nominatif de la société concernée. Soit l'entreprise concernée choisit de déléguer la gestion des titres nominatifs à un établissement financier, auquel cas on parle de « nominatif administré ». Soit la société décide elle-même d'assurer la gestion des titres inscrits au nominatif. On parle alors de « nominatif pur ». La formule est très avantageuse pour l'actionnaire individuel. Elle permet de recevoir à domicile toutes les documentations sur papier (lettres aux actionnaires, rapports annuels, convocations aux assemblées générales). La gestion de ses titres est généralement assurée par un intermédiaire financier partenaire de la société ou assurée en interne (Air Liquide, Crédit Agricole SA, EADS et Lagardère SCA dans une filiale commune, Michelin et Société Générale). Toutes les sociétés proposent aujourd'hui ce service à leurs investisseurs. Lagardère SCA et Michelin font figure d'exception : tous leurs actionnaires sont automatiquement inscrits au nominatif ! Autre avantage du nominatif, il exonère l'actionnaire des traditionnels droits de garde de ses actions, facturés par son intermédiaire financier habituel. Par ailleurs, les frais de transaction (ordres d'achat et de vente) des titres inscrits au nominatif sont également moins chers qu'ailleurs : seulement 0,25 % HT du montant de la transaction chez AGF, sans minimum forfaitaire ! Enfin, vingt-deux sociétés proposent en supplément à leurs actionnaires nominatifs un droit de vote double aux assemblées générales, généralement après deux années consécutives de détention des titres (dix ans chez Pernod-Ricard), ce qui permet de renforcer le pouvoir des actionnaires individuels. Air Liquide et Lafarge vont encore plus loin que les autres sociétés en majorant de 10 % les dividendes ou le nombre de titres attribués lors des distributions gratuites à leurs actionnaires inscrits au nominatif !

Le meilleur canal pour l'information financière

Tout, tout, tout, on trouve vraiment tout sur Internet ! La toile électronique est en effet le meilleur média pour obtenir les informations financières ou stratégiques sur les sociétés cotées en Bourse. Toutes possèdent en effet leur site Internet, avec une rubrique consacrée aux investisseurs individuels. Il n'y a aucune restriction d'accès (aucun identifiant ni mot de passe ne sont exigés), et il est possible de télécharger tous les documents financiers souhaités (présentations des assemblées générales, présentations aux analystes financiers, communiqués sur les résultats, rapports annuels, etc.).

Il est même possible de voter aux assemblées par correspondance en passant par Internet depuis la publication de la loi sur les nouvelles régulations économiques (NRE) du 15 mai 2001. Cependant, seules trois sociétés (Danone et France Télécom depuis l'an dernier, BNP Paribas depuis cette année) proposent aujourd'hui ce service à leurs actionnaires, car la mise en oeuvre technique du procédé est lourde, et trop peu d'investisseurs utilisent pour l'instant ce canal pour voter.

LES CLUBS D'ACTIONNAIRES Information financière et cadeaux

Les clubs d'actionnaires n'ont généralement pas d'existence juridique car ils sont souvent créés au sein même des sociétés cotées. Ils se sont développés pendant les années 1990, la Société Générale ayant été pionnière en créant le sien dès 1992. Ces structures ne font cependant pas l'unanimité puisque moins de la moitié des sociétés de l'actuel CAC 40 en possèdent un. L'Oréal, par exemple, préfère organiser des réunions avec ses actionnaires, jugées plus efficaces. Le club des actionnaires de Vivendi Universal a, par ailleurs, été dissout l'an dernier pour réaliser des économies sur les frais de siège du groupe. L'utilité de la structure est en effet contestée : l'investissement est lourd, et les retombées réelles pour la société ou pour le cours de Bourse de son action sont difficilement quantifiables. Les avantages pour l'actionnaire sont cependant réels, notamment à travers l'envoi à domicile de lettres périodiques (trimestrielles ou semestrielles en fonction des publications de résultats), ainsi que des rapports annuels. Parallèlement, les clubs offrent aux actionnaires différents avantages en nature, sous forme de réductions sur les produits ou services de la société et de ses filiales : carte de fidélité chez Accor, tarifs préférentiels sur les vins issus des domaines possédés par Axa, réductions dans les boutiques France Télécom, réductions dans les stations essence de Total. Des entrées à des manifestations culturelles ou sportives soutenues par les entreprises dans le cadre de leur politique de mécénat et de sponsoring sont aussi proposées, notamment par BNP Paribas (des places pour Roland-Garros) et par la Société Générale (musées, concerts, voyages). Fidèle à son positionnement dans le luxe, le groupe LVMH a, de son côté, spécialement créé pour son club toute une gamme de maroquinerie griffée Louis Vuitton, qui reste toutefois dans les niveaux de prix du célèbre maroquinier. Les conditions d'accès aux clubs ne sont pas restrictives, puisqu'il suffit généralement d'être actionnaire au porteur pour s'y inscrire. Certaines sociétés sont néanmoins élitistes : il faut ainsi posséder au moins 200 actions BNP Paribas ou Société Générale pour intégrer leur club d'actionnaires (ce qui représente un investissement d'au moins 13.750 euros à la Société Générale sur la base du cours actuel de son action) ! Une poignée de sociétés préfèrent former leurs actionnaires aux rouages de la Bourse et des marchés financiers. Dexia organise des réunions avec ses actionnaires, Crédit Agricole offre des formations à la Bourse, tout comme les AGF (avec une participation de 7 euros). Ces initiatives font des émules : Alcatel, EADS et Pernod-Ricard étudient la création d'un club.

Méthodologie de l'enquête

> Nous avons passé au crible les services dédiés aux actionnaires individuels des sociétés du CAC 40 et des quatre groupes qui briguent une entrée dans l'indice phare de la Bourse de Paris. Il s'agit d'Altadis, des ASF, d'Essilor et de Publicis.

Une note d'appréciation (de une à quatre étoiles) a ensuite été attribuée à chaque société. La totalité des sociétés contactées nous ont apporté directement ou indirectement leur concours pour la réalisation

de cette enquête.

Notre objectif a été de mesurer l'utilité réelle des services proposés au porteur. Les critères d'appréciation que nous avons retenus sont les suivants : rapidité de réaction

des services téléphoniques dédiés aux actionnaires, ergonomie des sites Internet et rapidité d'accès

à l'information. Le contenu des services apportant

une réelle valeur ajoutée à l'actionnaire a également été analysé : rencontres avec les dirigeants, participation à la vie de l'entreprise au sein d'un comité consultatif des actionnaires, dividendes majorés, droits de vote double en assemblée générale, frais de transaction réduits pour les détenteurs de parts inscrits au nominatif, vote par Internet...

Quand les porteurs font entendre leur voix

Peu connus, les comités consultatifs des actionnaires sont, comme leur nom l'indique, des organes internes aux sociétés destinés à écouter les doléances, critiques et remarques des investisseurs individuels. Encore peu répandus (seize entreprises sur les quarante-quatre de notre sélection en possèdent un), ils sont pourtant, selon nous, un puissant outil permettant aux actionnaires de faire entendre leur voix et d'asseoir leur pouvoir légitime. Précurseur, le groupe Air Liquide a créé le sien en 1987, pour être suivi dès 1988 par la Société Générale, puis par Dexia en 1992. Les comités consultatifs comptent généralement une douzaine de membres et sont présidés par le dirigeant de l'entreprise, pour un mandat de trois ans en moyenne. Les conditions d'admission sont généralement souples : il suffit d'être actionnaire et d'envoyer son curriculum vitæ à la société, qui convoque les candidats retenus pour un entretien individuel. La fonction implique de se rendre disponible en moyenne deux fois dans l'année pour assister aux réunions plénières du comité, les frais de déplacement et d'hébergement étant généralement pris en charge par la société. Certaines entreprises sont néanmoins plus exigeantes que d'autres pour sélectionner les membres de leur comité. Chez Dexia, les actionnaires intéressés doivent posséder au moins 60 actions. Chez Axa, il faut être membre du club des actionnaires et détenir au moins 100 actions. Michelin n'exige aucun minimum de titres détenus, mais sélectionne ses candidats comme s'il s'agissait d'une embauche : par l'intermédiaire d'un cabinet de recrutement ! Les comités consultatifs nous paraissent être une voie intéressante si les réunions donnent lieu à un véritable dialogue. C'est apparemment le cas, puisque de nombreuses sociétés publient sur Internet les questions posées par les membres de leur comité consultatif ainsi que les réponses de la direction.

Pour doubler son pouvoir en assemblée et bénéficier de frais de courtage réduits

L'inscription de ses titres au nominatif implique l'enregistrement des titres au nom de l'actionnaire dans les registres de la société, à la différence des actions dites « au porteur », qui sont impersonnelles. Pour s'y inscrire, il faut faire parvenir à son intermédiaire financier une demande de transfert de ses titres au gestionnaire des actions au nominatif de la société concernée. Soit l'entreprise concernée choisit de déléguer la gestion des titres nominatifs à un établissement financier, auquel cas on parle de « nominatif administré ». Soit la société décide elle-même d'assurer la gestion des titres inscrits au nominatif. On parle alors de « nominatif pur ». La formule est très avantageuse pour l'actionnaire individuel. Elle permet de recevoir à domicile toutes les documentations sur papier (lettres aux actionnaires, rapports annuels, convocations aux assemblées générales). La gestion de ses titres est généralement assurée par un intermédiaire financier partenaire de la société ou assurée en interne (Air Liquide, Crédit Agricole SA, EADS et Lagardère SCA dans une filiale commune, Michelin et Société Générale). Toutes les sociétés proposent aujourd'hui ce service à leurs investisseurs. Lagardère SCA et Michelin font figure d'exception : tous leurs actionnaires sont automatiquement inscrits au nominatif ! Autre avantage du nominatif, il exonère l'actionnaire des traditionnels droits de garde de ses actions, facturés par son intermédiaire financier habituel. Par ailleurs, les frais de transaction (ordres d'achat et de vente) des titres inscrits au nominatif sont également moins chers qu'ailleurs : seulement 0,25 % HT du montant de la transaction chez AGF, sans minimum forfaitaire ! Enfin, vingt-deux sociétés proposent en supplément à leurs actionnaires nominatifs un droit de vote double aux assemblées générales, généralement après deux années consécutives de détention des titres (dix ans chez Pernod-Ricard), ce qui permet de renforcer le pouvoir des actionnaires individuels. Air Liquide et Lafarge vont encore plus loin que les autres sociétés en majorant de 10 % les dividendes ou le nombre de titres attribués lors des distributions gratuites à leurs actionnaires inscrits au nominatif !

Le meilleur canal pour l'information financière

Tout, tout, tout, on trouve vraiment tout sur Internet ! La toile électronique est en effet le meilleur média pour obtenir les informations financières ou stratégiques sur les sociétés cotées en Bourse. Toutes possèdent en effet leur site Internet, avec une rubrique consacrée aux investisseurs individuels. Il n'y a aucune restriction d'accès (aucun identifiant ni mot de passe ne sont exigés), et il est possible de télécharger tous les documents financiers souhaités (présentations des assemblées générales, présentations aux analystes financiers, communiqués sur les résultats, rapports annuels, etc.).

Il est même possible de voter aux assemblées par correspondance en passant par Internet depuis la publication de la loi sur les nouvelles régulations économiques (NRE) du 15 mai 2001. Cependant, seules trois sociétés (Danone et France Télécom depuis l'an dernier, BNP Paribas depuis cette année) proposent aujourd'hui ce service à leurs actionnaires, car la mise en oeuvre technique du procédé est lourde, et trop peu d'investisseurs utilisent pour l'instant ce canal pour voter.

LES CLUBS D'ACTIONNAIRES Information financière et cadeaux

Les clubs d'actionnaires n'ont généralement pas d'existence juridique car ils sont souvent créés au sein même des sociétés cotées. Ils se sont développés pendant les années 1990, la Société Générale ayant été pionnière en créant le sien dès 1992. Ces structures ne font cependant pas l'unanimité puisque moins de la moitié des sociétés de l'actuel CAC 40 en possèdent un. L'Oréal, par exemple, préfère organiser des réunions avec ses actionnaires, jugées plus efficaces. Le club des actionnaires de Vivendi Universal a, par ailleurs, été dissout l'an dernier pour réaliser des économies sur les frais de siège du groupe. L'utilité de la structure est en effet contestée : l'investissement est lourd, et les retombées réelles pour la société ou pour le cours de Bourse de son action sont difficilement quantifiables. Les avantages pour l'actionnaire sont cependant réels, notamment à travers l'envoi à domicile de lettres périodiques (trimestrielles ou semestrielles en fonction des publications de résultats), ainsi que des rapports annuels. Parallèlement, les clubs offrent aux actionnaires différents avantages en nature, sous forme de réductions sur les produits ou services de la société et de ses filiales : carte de fidélité chez Accor, tarifs préférentiels sur les vins issus des domaines possédés par Axa, réductions dans les boutiques France Télécom, réductions dans les stations essence de Total. Des entrées à des manifestations culturelles ou sportives soutenues par les entreprises dans le cadre de leur politique de mécénat et de sponsoring sont aussi proposées, notamment par BNP Paribas (des places pour Roland-Garros) et par la Société Générale (musées, concerts, voyages). Fidèle à son positionnement dans le luxe, le groupe LVMH a, de son côté, spécialement créé pour son club toute une gamme de maroquinerie griffée Louis Vuitton, qui reste toutefois dans les niveaux de prix du célèbre maroquinier. Les conditions d'accès aux clubs ne sont pas restrictives, puisqu'il suffit généralement d'être actionnaire au porteur pour s'y inscrire. Certaines sociétés sont néanmoins élitistes : il faut ainsi posséder au moins 200 actions BNP Paribas ou Société Générale pour intégrer leur club d'actionnaires (ce qui représente un investissement d'au moins 13.750 euros à la Société Générale sur la base du cours actuel de son action) ! Une poignée de sociétés préfèrent former leurs actionnaires aux rouages de la Bourse et des marchés financiers. Dexia organise des réunions avec ses actionnaires, Crédit Agricole offre des formations à la Bourse, tout comme les AGF (avec une participation de 7 euros). Ces initiatives font des émules : Alcatel, EADS et Pernod-Ricard étudient la création d'un club.